La première exposition représentant Jean Tinguely dans la région de Francfort a débuté la veille de l’ouverture de la Dokumenta 2 à Kassel. Du 10 juillet au 7 août 1959, la galerie Renate Boukes de Wiesbaden a accueilli l’exposition Dynamo 1, organisée par Heinz Mack et Otto Piene, et qui réunissait onze artistes autour de Zero : Pol Bury, Oskar Holweck, Yves Klein, Heinz Mack, Piero Manzoni, Almir Mavignier, Herbert Oehm, Otto Piene, Dieter Roth, Jesùs Rafael Soto et Jean Tinguely. Daniel Spoerri figurait sur la liste, mais il s’est retiré à très court terme parce que son appareil (probablement une version du théâtre automobile déjà utilisé à Düsseldorf) n’était pas terminé. Au lieu de cela, Piero Manzoni, qui s’était rendu à Düsseldorf début juillet, a spontanément été invité à l’exposition. La galerie Boukes, relativement petite, accueillait ainsi l’une des premières expositions internationales du réseau Zero en Allemagne, influencée par les contacts des commissaires Mack et Piene ainsi que par leurs expériences lors d’événements tels que l’exposition Vision in Motion, qui avait eu lieu plus tôt cette année-là à Anvers.
En juillet et août 1963, l’exposition Europäische Avantgarde (Avant-garde européenne) est présentée à la Schwanenhalle du Römer à Francfort. L’exposition était organisée par la Galerie D, qui, à la suite de la Galerie dato, a monté des expositions avec des artistes d’avant-garde. Les artistes Hermann Goepfert, le galeriste et journaliste Rochus Kowallek ainsi que le critique d’art et psychologue William E. Simmat étaient responsables de l’exposition. Tous trois dirigeaient la « Vereinigung für moderne bildende Kunst e.V. » (Association pour l’art moderne) et opéraient sous le nom de Galerie D. L’exposition donnait une vue extrêmement complète de l’avant-garde européenne contemporaine et rassemblait près de 50 artistes – dont Jean Tinguely – de toute l’Europe, y compris des groupes comme la Nouvelle école européenne, Arte programmata, Neue Tendenzen, Anti-Peinture et ZERO.
Le 13 mai 1979, la première exposition muséale de Jean Tinguely ouvrait à Francfort. Il s’agissait de Tinguely – Luginbühl, à la Städtische Galerie du Städel. L’affiche montre le Klamauk de Tinguely, la sculpture mobile inspirée d’un tracteur Bührer, qui a ensuite fait le tour du Städel. Bernhard Luginbühl note le 12 mai 1979 dans son journal à propos de l’exposition et du vernissage : « Le samedi du vernissage prend un tour agréable, quand environ trois kilos de viande tombent dans la poêle grésillante et qu’on fait la fête avec JT au Städel et qu’on essaie de faire la même chose avec les saucisses de Francfort, on boit du cidre et on bouffe de gros bretzels. Nous célébrons largement notre plus belle exposition, qui pour la première fois a duré si longtemps. Nous avons pu laisser nos objets pendant une demi-année, donc pas de transport de retour rapide. J’ai été autorisé à laisser à l’air mon gros scarabée et toutes les figurines à Francfort pendant une année entière. »
Crédit photo : Jean Tinguely pendant l'installation de son exposition au Städel, Francfort-sur-le-Main, 1979 © photo : Succession de Leonardo Bezzola